#24 Les loucas se servent deux fois plutôt qu'une

Après cette première soirée où le coeur a palpité à mille à l'heure, nous en redemandons. C'était un petit gâteau. On passe la journée à kiffer Periperi. Toute petite ville bien paisible, qui fout la foire toute la nuit comme il se doit au Brésil. A la plage, dans toutes les baraka il y a un groupe de samba et tout le village est là pour danser. Le soir, Marcio nous emmène au bailé funk du village. En plein milieu de la soirée il nous presse les fesses: "On s'en va! Il faut qu'on prenne vos affaires et qu'on vous déménage. Vous pouvez pas restez parce que Nei travaille demain." AH...Bon on va où alors? "Chez lui". Ah... Chez lui c'est un cagibi plus une chambre et une salle de bain. Pas de meubles, pas de fenêtres, zéro affaires personnelles qui traîne, pas même un rouleau de PQ ou une brosse à dent mais un téloche. Il est bien 1h du mat passé. Qu'est ce qu'on peut bien faire? On n'a plus la force de se battre encore une fois. On se résigne. Lui dors par terre dans l'entrée pendant que nous occupons la chambre. Lui est parti à 6h travailler et nous a enfermées à l'intérieur. Alors quand je me réveille, que c'est le noir complet et que j'arrive pas à ouvrir la porte de la chambre qui fait 5m2, c'est la vision de l'enfer. Je pense à cette conne d'autrichienne qui s'est fait enfermée pendant 8 ans. J'me dit que c'est notre tour maintenant. Panique à bord. Au bout de quelques minutes d'angoisse j'arrive enfin à ouvrir la porte de la chambre et la lueur pénètre enfin la pièce. La clé scintille par terre dans l'entrée/salon. Je me précipite sur elle et ouvre la porte. L'air revient. Tout va bien.
Pendant la journée avec Kandida, on a pris une décision, s'échapper de ce trou à merde et tant pis pour nos principes, de prendre une chambre dans le ghetto à touristes. Ah! mais je me souviens d'une chose! Ce soir Marcio nous a promis une roda capoeira dans le perigosoperigoso. Bon ben on remet ça! Quelle merde! Pas de roda pour ce soir, le lieu est en travaux. Là où Marcio va aux roda capoeira c'est dans un endroit encore plus apocalyptique que la favela. C'est dans ce qu'ils appellent une communauté de gens sans terre. Ils habitent dans des maisons en carton. On n'a pas vu la roda, mais on a bien fait de rester quand même, nous avons fait connaissance avec les gens qui habitent cette communauté. Ce sera notre nouveau QG.

photo par Kandida Muhuri